Andrzej Marczewski – Les types d’utilisateurs et la ludification

De temps à autre on rencontre une personne qui s’est vraiment investie dans l’un des secteurs de l’expérience utilisateur qui nous passionne et on a la possibilité d’avoir leur point de vue sur le sujet. Et cela vaut plus parfois que ce qu’on peut apprendre en lisant, allant en cours ou à des séminaires, c’est un avantage compétitif. Nous avons eu la chance de parler de la ludification avec l’un de ses principaux influencer : Andrzej Marczewski, écrivain et créateur des types d’utilisateurs de la ludification (un ensemble de personas du secteur du jeu). Nous avons posé quelques questions assez générales à Andrzej sur la Ludification et sur la manière dont elle peut aider à mettre en valeur l’expérience utilisateur de certains de nos projets.

Les gens pensent souvent, peut être même à cause de son nom, que la Ludification (gamification en anglais) est plus ou moins liée au jeu. Pouvez-vous (s’il vous plait!) faire taire les rumeurs ?

Hah, oui c’est une idée qui persiste. Il faut utiliser ce que nous apprenons grâce aux jeux pour améliorer d’autres choses. Cela peut être l’utilisation de mécaniques que nous voyons dans les jeu (comme les classements), ou simplement penser à la manière dont les jeux gèrent les choses comme l’intégration. Les jeux peuvent jouent un grand rôle dans la ludification mais ils ne sont en aucun cas “tout ce que c’est” !

Est-ce que le jeu peut réellement être utilisé pour motiver les gens à mieux travailler ?

Jouer est un moment assez spécial. Le fait de jouer est désorganisé et incontrôlé. Cependant, on peut utiliser certains éléments pour motiver. L’une des choses qui définit vraiment le fait de jouer pour moi c’est la liberté et l’autonomie. C’est l’un des points clé de la motivation intrinsèque et peut mener à une forte créativité. Le fait de donner aux gens même juste l’illusion d’un peu d’autonomie peut les motiver. Prenez par exemple la règle 80/20 de Google. 20% du temps des employés est utilisé pour travailler sur des projets personnels. Cela a mené à la création de produits comme Gmail ! Imaginez comme ça doit faire du bien de travailler pour une entreprise qui non seulement donne de l’importance à votre contribution, mais vous encourage aussi à développer vos idées et vous soutient. Il y a beaucoup d’aspects de jeu, mais je pense que cela illustre bien que la réponse est oui !

Vous ne pouvez pas persuader les gens à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. Du moins pas pour longtemps et sûrement pas si vous vous attendez à de la qualité plutôt que de la quantité.

 

Quelle est l’un des points clé à éviter lorsqu’on applique la ludification à un système ?

Compter sur les récompenses. Vous ne pouvez pas persuader les gens à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. Du moins pas pour longtemps et sûrement pas si vous vous attendez à de la qualité plutôt que de la quantité.

Est-ce qu’il y a un intérêt à réduire les récompenses d’un système sous ludification ?

Je pense que l’impact des récompenses diminue avec le temps, clairement. La clé est d’utiliser la ludification pour réduire la barrière d’accès à quelque chose et d’ensuite l’utiliser pour aider les gens à arriver jusqu’ici pour des raisons intrinsèques. A un certain moment le “jeu” doit s’arrêter et les gens doivent rester parce qu’ils en ont envie !

 

Les solutions seront faites sur mesure pour résoudre des problèmes bien spécifiques, plutôt que compter simplement sur des plateformes globales.

 

Que pensez-vous de la relation entre la ludification et l’expérience utilisateur ?

Je pense que dans un futur proche, la ludification fera simplement partie d’une bonne expérience utilisateur. Il faut que la ludification soit rattachée à l’expérience utilisateur et fasse partie de celle-ci pour fonctionner correctement.

Par où commencer avec la ludification ?

Il faut d’abord réfléchir à pourquoi vous pensez utiliser la ludificaton. Bien trop souvent, on s’en sert pour réparer un système cassé. “Les gens n’intègrent pas leurs informations commerciales correctement, il faut les ludifier”. Pourquoi ? Si c’est parce que le système est difficile à utiliser, rendez le système meilleur. Si c’est parce que les gens ne savent pas comment le faire, créez un bon tutoriel intégré. Si c’est parce que les gens ne comprennent pas l’intérêt, créez des contenus d’apprentissage qui aideront les gens à comprendre tout l’intérêt de la ludification. Une fois que vous avez ça, alors vous pouvez commencer à ludifier le système.

Ensuite, regardez bien pour qui vous êtes en train de travailler et assurez vous que ce que vous faites leur sera utile, et pas seulement dans le but de faire des affaires.

Que pensez-vous de l’avenir de la ludification ?

A mon avis cela fera juste partie d’un bon design. Les solutions seront faites sur mesure pour résoudre des problèmes bien spécifiques, plutôt que compter simplement sur des plateformes globales. J’espère que dans les années à venir, nous n’en parlerons pas vraiment et l’utiliserons simplement dès qu’il le faudra.

Que diriez-vous aux entreprises qui cherchent à ludifier certains aspects de leur entreprise (mis à part “Contactez Visionär !”) ? Peut-il y avoir un véritable retour sur investissement avec la ludification ?

A quel point accordez-vous de l’importance aux gens ? Si vous donnez de l’importance à leur bien-être et à leur bonheur, alors le retour sur investissement donnera : des employés motivés et une plus grande productivité. On peut citer beaucoup de chiffres (comme HP qui a ludifié ses revendeurs et augmenté ses revenus de $1bn en 3 mois), mais je pense que tout est une question de retour sur investissement pour les hommes. Investissez dans les gens et ils investiront dans votre entreprise.

Merci beaucoup à Andrzej de nous avoir accordé du temps.